timent d’humanité, ou en la justice, ou en la science ; et il sait aussi que toute sa vie est établie sur des principes directement opposés à tout cela, à tous les principes et du christianisme, et de l’humanité, et de la justice, et de la science.
Il sait que toutes les habitudes au milieu desquelles il a été élevé et dont l’abandon lui serait cruel, ne peuvent être satisfaites que par un travail pénible, souvent fatal aux ouvriers opprimés, c’est-à-dire par le viol le plus évident, le plus grossier, de ces mêmes principes de christianisme, d’humanité, de justice, et même de science (et j’omets les exigences de l’économie politique) qu’il professe. Il enseigne des principes de fraternité, d’humanité, de justice, de science, et non seulement il vit de telle sorte qu’il est obligé de recourir à cette oppression du travailleur qu’il réprouve, mais encore toute sa vie repose sur le bénéfice de cette oppression, et il dirige toute son action vers le maintien de cet état de choses absolument contraire à tout ce qu’il professe.
Nous sommes tous frères, — et cependant, chaque matin, ce frère ou cette sœur va vider mon vase de nuit. Nous sommes tous frères, — et cependant il me faut chaque jour un cigare, du sucre, une glace et d’autres objets à la fabrication desquels mes frères et mes sœurs, qui sont mes égaux, ont sacrifié et sacrifient leur santé ; et moi je me sers de ces objets et même je les exige. Nous sommes tous frères, — et cependant je gagne ma vie dans une banque, dans une maison de commerce, dans un magasin qui ont pour résultat de rendre plus coûteuses toutes les marchandises nécessaires à mes frères. Nous sommes tous frères, — et cependant je vis du traitement qui m’est alloué pour interroger, juger, condamner le voleur ou la prostituée dont l’existence