Page:Tolstoï - Le salut est en vous.djvu/26

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l’offense à l’offense, le meurtre au meurtre, la souffrance à la souffrance, le mal au mal. Mais le Christ repousse tout cela. « Je vous dis, écrit-il dans l’Évangile, ne résistez pas au méchant, ne répondez pas à l’offense par l’offense, dussiez-vous avoir à la supporter de nouveau. » Ce qui a été permis est défendu. Ayant compris quelle sorte de résistance enseignaient Noé, Moïse et les prophètes, nous savons exactement ce que signifie la non-résistance enseignée par le Christ.

D. — Les anciens admettaient-ils la résistance à l’offense par l’offense ?

R. — Oui. Mais Jésus l’a défendue. Le chrétien n’a dans aucun cas le droit de priver de la vie, ou de frapper d’une peine celui qui a fait du mal.

D. — Peut-il tuer ou blesser pour sa défense ?

R. — Non.

D. — Peut-il porter plainte en justice pour obtenir la punition de l’offenseur ?

R. — Non ; car ce qu’il fait par l’intermédiaire des autres, c’est lui qui le fait en réalité.

D. — Peut-il combattre dans l’armée contre les ennemis de l’extérieur ou les révoltés de l’intérieur ?

R. — Certes non. Il ne peut prendre aucune part à la guerre ni même à l’organisation de la guerre. Il ne peut pas se servir d’armes meurtrières. Il ne peut pas résister à l’offense par l’offense, qu’il soit seul ou réuni à d’autres, qu’il agisse par lui-même ou par d’autres.

D. — Peut-il volontairement réunir et armer des soldats pour le service de l’État ?

R. — Il ne peut rien faire de cela, s’il veut être fidèle à la loi du Christ.

D. — Peut-il bénévolement donner de l’argent pour le gouvernement, qui est soutenu par la force armée, la peine de mort et la violence ?