Page:Tolstoï - Le salut est en vous.djvu/294

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sera naturel aux hommes de se demander : Quelle utilité de nourrir, d’entretenir tous ces rois, empereurs, présidents et membres de toutes sortes de chambres et de ministères, si de toutes leurs réunions et de tous leurs discours rien ne résulte ? Ne vaut-il pas mieux, comme a dit un plaisant, faire une reine en caoutchouc ?

Et à quoi bon l’armée avec ses généraux, ses musiciens, ses chevaux, ses tambours ? Quelle est son utilité puisqu’il n’y a pas de guerre, que personne ne veut conquérir personne et que, si même la guerre éclatait, les autres peuples ne permettraient pas d’en retirer un bénéfice, tandis que, sur les nationaux, l’armée refuse de tirer ?

Et à quoi bon ces juges et procureurs, qui, au civil, ne jugent pas d’après la justice et, qui, au criminel, reconnaissent eux-mêmes l’inutilité du châtiment ?

À quoi bon les percepteurs d’impôts, qui s’acquittent de leur tâche à contre-cœur, puisqu’on peut réunir sans eux les sommes nécessaires ?

À quoi bon le clergé, qui ne croit plus depuis longtemps en ce qu’il prêche ?

À quoi bon les capitaux, concentrés entre les mains de quelques-uns, puisqu’ils ne peuvent être utiles qu’en devenant la propriété de tous ?

Et une fois ces questions posées, les hommes ne peuvent pas ne pas arriver à la résolution de cesser d’entretenir toutes ces institutions devenues inutiles.

Plus encore, les hommes qui occupent ces positions privilégiées seront amenés à la nécessité de les abandonner.

L’opinion publique condamne de plus en plus la violence, c’est pourquoi ces positions, qui sont basées sur la violence, sont de moins en moins recherchées.

Un jour, à Moscou, j’ai assisté à une des discussions religieuses qui ont lieu ordinairement à la Quasimodo,