ment douloureux, pour le recrutement ? Pourquoi tous les empereurs et rois portent-ils l’habit militaire ? Pourquoi fait-on des manœuvres, des revues ; distribue-t-on des récompenses aux militaires et élève-t-on des monuments aux généraux et aux conquérants ? Pourquoi des hommes libres, riches, considèrent-ils comme un honneur les fonctions de laquais auprès des souverains, s’humiliant devant eux, les flattant et feignant de croire à leur supériorité particulière ? Pourquoi des hommes qui ne croient pas depuis longtemps aux superstitions religieuses du moyen âge feignent-ils de croire sérieusement et soutiennent-ils l’institution impie de l’église ? Pourquoi non seulement les gouvernements, mais encore les classes supérieures cherchent-elles à maintenir si jalousement les hommes dans l’ignorance ? Pourquoi les historiens, les romanciers, les poètes, qui eux ne peuvent rien obtenir en échange de leurs flatteries, font-ils des héros d’empereurs, de rois et de chefs militaires morts depuis longtemps ? Pourquoi des hommes qui se disent des savants consacrent-ils des vies entières à la création de théories d’après lesquelles la violence commise sur le peuple par le pouvoir est une violence légitime, un droit ?
On s’étonne souvent de voir une femme du monde ou un artiste, qui, semble-t-il, ne s’intéresse pas aux questions sociales ou militaires, condamner les grèves des ouvriers, prêcher la guerre et toujours sans hésiter attaquer un camp et défendre l’autre.
Mais on ne s’en étonne que jusqu’au moment où l’on comprend que cela n’a lieu que parce que tous les membres des classes dirigeantes sentent instinctivement ce qui maintient et ce qui détruit l’organisation grâce à laquelle ils peuvent jouir de leurs privilèges.
La femme du monde ne s’est même pas dit que, s’il