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Page:Tolstoï - Le salut est en vous.djvu/38

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Ils refusent de défendre leur pays, de porter les armes et de combattre les ennemis sur la demande du gouvernement. Jusqu’aux derniers temps cette raison religieuse a été respectée par le gouvernement, et ceux qui l’invoquaient étaient affranchis du service. Mais, au commencement de la guerre de sécession, l’opinion publique s’est indignée de cette situation. Il est naturel que les citoyens qui, pour la défense de la patrie, considéraient comme un devoir de se soumettre aux fatigues et aux dangers de la vie militaire n’aient pas vu sans colère ceux qui, tout en échappant à ces obligations, profitaient depuis longtemps, aussi bien qu’eux, de la protection et des avantages de l’état, dont ils se refusaient à prendre la défense au moment du danger. Il est même évident que cette situation avait quelque chose de monstrueux et d’inexplicable.

« Beaucoup d’orateurs et d’écrivains, dit l’auteur, se sont élevés contre la doctrine de la non-résistance, et ont cherché à en prouver la fausseté autant par le raisonnement que par les saintes Écritures. C’est logique, et, dans bien des cas, ces écrivains ont raison, lorsqu’il s’agit de ceux qui, se refusant aux fatigues du service militaire, ne refusent pas les avantages de l’état social ; mais ils n’ont pas raison quand il est question du principe même de la non-résistance. »

Avant tout, l’auteur établit pour les chrétiens le devoir de la non-résistance, par ce fait que ce commandement est exprimé par le Christ très nettement et sans équivoque possible. — « Jugez vous-mêmes s’il est juste d’obéir à l’homme plutôt qu’à Dieu, ont dit Pierre et Jean. » Aussi tout homme qui veut être chrétien n’a-t-il qu’une seule conduite à tenir lorsqu’on veut l’envoyer à la guerre, puisque le Christ a dit : « Ne résiste pas au mal par la violence. »