Page:Tolstoï - Le salut est en vous.djvu/66

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Au milieu des règles religieuses, très compliquées dans le monde juif, — où, suivant Isaïe, il y avait règle sur règle — et de la législation romaine, poussée à un haut degré de perfection, a surgi une doctrine qui niait non seulement toutes les divinités, mais aussi toutes les institutions humaines et leur nécessité. À la place de toutes les règles des anciennes croyances, cette doctrine ne donnait qu’un modèle de perfection intérieure, de vérité et d’amour, dans la personne du Christ, et, comme conséquence de cette perfection intérieure, la perfection extérieure prédite par les prophètes : le royaume de Dieu, où tous les hommes ne sachant plus haïr seront unis par l’amour, où le lion demeurera près de l’agneau. Au lieu de menaces de châtiment pour l’infraction des règles données par les anciennes lois religieuses ou civiles, au lieu de l’attrait des récompenses pour leur observance, cette doctrine n’appelait à elle que parce qu’elle était la Vérité.

Celui qui veut savoir si cette doctrine vient de Dieu, qu’il la suive. (Jean, VII, 17.)

Vous tâchez de me faire mourir, moi qui vous dis la vérité. — Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. On ne doit obéir à Dieu que dans la vérité. Toute la doctrine sera révélée et comprise par l’esprit de la vérité. Faites ce que je vous dis, et vous saurez si ce que je vous dis, est la vérité. (Jean, VII, 32, 46.)

On n’a mis en avant aucune autre preuve de la doctrine que la vérité, l’accord de la doctrine avec la vérité. Toute la doctrine consistait dans la recherche de la vérité et son observance, dans la réalisation de plus en plus grande de la vérité et le désir de s’en rapprocher de plus en plus dans la vie pratique.

Suivant cette doctrine, ce n’est pas par des pratiques que l’homme devient un juste. Les cœurs s’élèvent à la