Page:Tolstoï - Le salut est en vous.djvu/71

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incompréhensible qu’une langue de feu allumée au-dessus de la tête d’un homme montre que ce que va dire cet homme est une vérité absolue) ; et alors il a fallu produire de nouveaux miracles : guérisons merveilleuses, résurrections, morts, enfin tous les miracles fallacieux dont est rempli le livre des Actes, et qui non seulement ne peuvent convaincre personne de la vérité de la doctrine, mais doivent, au contraire, en faire douter.

Cette manière d’affirmer la vérité avait pour conséquence d’écarter la doctrine de son sens primitif et de la rendre d’autant plus incompréhensible que s’accumulaient les récits de miracles.

C’est ce qui s’est passé dès les premiers temps, et cela a continué en augmentant toujours et en arrivant, à notre époque, aux dogmes de la transsubstantiation et de l’infaillibilité du pape, des évêques ou des Écritures, c’est-à-dire jusqu’à l’exigence d’une foi aveugle, incompréhensible jusqu’au non-sens, non pas en Dieu, ni au Christ, ni même à la doctrine, mais à une personne comme dans le catholicisme, ou à des personnes comme dans l’orthodoxie, ou en un livre comme dans le protestantisme. Plus le christianisme se répandait, plus il englobait une foule de gens non préparés, et moins on le comprenait. Plus on affirmait énergiquement l’infaillibilité de l’interprétation officielle, et moins il devenait possible de pénétrer le véritable sens de la doctrine. Déjà, à l’époque de Constantin, elle se réduisait à un résumé confirmé par le pouvoir séculier — résumé des discussions qui ont eu lieu au concile, — le symbole de la foi, où il est dit : « Je crois en ceci… en ceci… en ceci, et finalement à une église universelle, sacrée et apostolique, c’est-à-dire à l’infaillibilité des personnes qui se disent l’église. » De sorte que tout a été fait pour que l’homme ne croie plus ni à Dieu ni au