Page:Tolstoï - Le salut est en vous.djvu/79

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retrouve pour repousser telles ou telles tendances, ne serons-nous pas en droit de conclure que ces tendances étaient en désaccord flagrant avec les principes fondamentaux du christianisme ? Cette présomption ne se transformera-t-elle pas en certitude si nous reconnaissons dans la doctrine universellement repoussée par l’église les traits caractéristiques de l’une des religions du passé ? Pour dire que le gnosticisme ou l’ébionisme sont les formes légitimes de la pensée chrétienne, il faut dire hardiment qu’il n’y a pas de pensée chrétienne ni de caractère spécifique qui la fasse reconnaître. Sous prétexte de l’élargir, on la dissout. Personne au temps de Platon n’eût osé couvrir de son nom une doctrine qui n’eût pas fait place à la théorie des idées, et l’on eût excité les justes moqueries de la Grèce en voulant faire d’Épicure ou de Zenon un disciple de l’Académie. Reconnaissons donc que, s’il existe une religion ou une doctrine qui s’appelle christianisme, elle peut avoir ses hérésies. »

Toute l’argumentation de l’auteur revient à dire que tout raisonnement en désaccord avec les dogmes qu’on professe à une époque quelconque, est une hérésie. Mais à une époque et dans un lieu quelconque les hommes professaient bien quelque chose, et cette confession de quelque chose, quelque part, à une époque quelconque, peut ne pas être le critérium de la vérité.

Toute prétendue hérésie, qui ne reconnaît comme vrai que ce qu’elle enseigne, peut en trouver une explication dans l’histoire de l’église, s’emparer pour son compte de tous les arguments de Pressensé, et considérer sa foi comme le seul christianisme véritable : ce qu’ont fait et ce que font toutes les hérésies. Tout est ramené à Ubi Christus, ibi ecclesia, et Christus est là où nous sommes.

L’unique définition de l’hérésie (le mot αἵρεσις veut dire