Page:Tolstoï - Les Rayons de l’aube.djvu/125

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fait, par quoi il se soutient, et comment elles peuvent s’en délivrer.

Mais les intellectuels d’Europe ne font rien de semblable. Sous prétexte d’assurer la paix, ils se réunissent dans telle ou telle capitale ; avec des airs très graves, ils s’asseoient autour d’une table, et voici ce qu’ils discutent : Quel est le meilleur moyen pour obtenir que ces brigands qui ne vivent que de brigandages cessent leurs brigandages et deviennent des citoyens paisibles ? Ensuite, ils abordent les questions profondes, savoir : 1o La guerre est-elle voulue par l’histoire, par le droit, par le progrès ? Comme si les fictions que nous inventons avaient qualité pour nous demander de supprimer les principales lois morales de notre vie. 2o Quelles peuvent être les suites de la guerre ? Comme si l’on pouvait douter qu’elles soient toujours le malheur général, la licence sans bornes. 3o Enfin, Comment résoudre le problème de la guerre ? Comme si l’on pouvait se poser le problème suivant : « Comment peut-on délivrer des hommes trompés par un mensonge que nous voyons très clairement ? »

C’est abominable. Nous voyons très souvent, par exemple, que des hommes heureux, bien portants et tranquilles, viennent, d’une année à l’autre, jouer dans quelque Monte-Carlo et y laissent pour le profit des maîtres de ces mau-