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Page:Tolstoï - Les Rayons de l’aube.djvu/346

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professent la loi chrétienne de fraternité et d’amour doivent dire justement le contraire. L’éclairage électrique, le téléphone, les expositions, les concerts et les spectacles, les cigares, les bretelles et les automobiles sont très bien, mais qu’ils aillent au diable à jamais et non seulement eux, mais aussi les chemins de fer, et tous les tissus, et tous les meubles qui sont dans le monde, si pour les produire il faut que 99 pour 100 des hommes soient en esclavage et périssent par milliers dans les fabriques nécessaires à la production de tous ces objets. Ne faudrait-il même que quelques vies humaines (et les statistiques montrent qu’il en faut beaucoup) pour que Londres ou Pétersbourg soient éclairés à l’électricité, ou pour qu’il y ait de jolis bâtiments à l’Exposition, ou pour conserver la beauté des visages, ou pour faire vite et beaucoup de belles étoffes ; alors mieux vaut que Londres ou Pétersbourg soient éclairés au gaz ou à l’huile ; qu’il n’y ait pas d’Exposition, qu’il n’existe ni fard, ni étoffes, mais que l’esclavage qui mine des vies humaines disparaisse.

Les hommes vraiment éclairés préféreront toujours revenir aux chevaux, et même à piocher la terre avec un morceau de bois ou avec leurs mains, que de voyager dans les chemins de fer qui chaque année écrasent régulièrement une telle quantité d’hommes, et cela, parce que