Aller au contenu

Page:Tolstoï - Les Rayons de l’aube.djvu/357

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

être transmise de personne à personne par hérédité, par testament ou par vente. Il y a une autre loi qui dit que chaque homme doit payer sans discussion les impôts qu’on lui demande, et il y a une troisième loi selon laquelle tous objets acquis par n’importe quels moyens, sont la propriété absolue des hommes qui les possèdent. Et grâce à ces lois, il y a l’esclavage.

Nous sommes si habitués à toutes ces lois, qu’elles se présentent à nous comme des conditions naturelles de la vie humaine, dont la nécessité et la justice ne peuvent faire aucun doute, comme autrefois, dans l’antiquité, les lois sur l’esclavage ; et nous ne voyons en elles, rien d’illégitime. Mais il est venu un temps où les hommes ont vu le funeste résultat de l’esclavage, et ont douté de la justice et de la nécessité des lois qui le soutenaient ; de même, maintenant que le résultat déplorable de l’ordre économique contemporain, est évident, il faut douter de la justice et de la nécessité des lois sur la terre, sur les impôts et sur la propriété qui amènent ce résultat.

Autrefois, on s’est demandé : est-il juste que certains hommes soient la propriété des autres, et que ces hommes non seulement ne possèdent rien, mais que leur travail même appartienne à leurs propriétaires ? Maintenant nous devons nous demander : est-il juste que les hommes ne