Page:Tolstoï - Les Rayons de l’aube.djvu/371

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quiconque n’obéit pas aux lois instituées sera puni, battu, privé de liberté ou tué par ces hommes qui ont institué ces lois.

On a inventé une foule de constitutions, en commençant par l’Angleterre et l’Amérique pour finir au Japon et à la Turquie, selon lesquelles les hommes doivent croire que toutes les lois instituées dans leur pays, l’ont été par leur propre volonté. Mais tous savent que non seulement dans les États despotiques, mais dans les États soi-disant les plus libres : en Angleterre, en Amérique, en France et ailleurs, les lois s’instituent non par la volonté de tous, mais par la volonté de ceux qui ont le pouvoir. Et c’est pourquoi, les lois sont partout et toujours telles, qu’elles sont avantageuses à ceux qui ont le pouvoir : qu’ils soient beaucoup ou quelques-uns ou même un seul ; et, toujours et partout les lois sont mises en pratique par ces moyens qui toujours et partout ont forcé et forcent les uns à obéir aux autres ; c’est-à-dire par les coups, par la privation de la liberté, par l’assassinat. Et il ne peut en être autrement puisque les lois sont l’obligation pour les uns de faire la volonté des autres, et on ne peut obtenir cela que par les coups, la privation de la liberté, par l’assassinat. S’il y a des lois, il doit exister une force pour obliger les hommes à leur obéir ; et la force qui peut obliger des hommes à faire la volonté des