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Page:Tolstoï - Les Rayons de l’aube.djvu/396

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vient pas en tête qu’elle ne dépend que d’eux-mêmes, et que si vraiment ils veulent améliorer leur sort et celui de leurs frères, mais ne pas songer seulement à leur propre avantage, la principale chose qu’ils doivent faire, c’est de cesser eux-mêmes de faire le mal. Et le mal qu’ils font consiste à désirer l’amélioration de leur situation matérielle par ces mêmes moyens qui les ont entraînés dans l’esclavage. Afin de pouvoir satisfaire les habitudes qu’ils ont contractées en sacrifiant leur dignité et leur liberté, les ouvriers acceptent des fonctions humiliantes et immorales, ou fabriquent des objets inutiles ou nuisibles ; et par le fait qu’ils soutiennent le gouvernement, qu’ils paient les impôts et font le service militaire, ils s’asservissent eux-mêmes.

Pour que la situation des hommes s’améliore, il faut que les hommes des classes aisées et les ouvriers comprennent qu’on ne peut améliorer la situation des hommes en conservant ses avantages ; qu’on ne peut être utile aux hommes sans sacrifices. Et si les hommes veulent réellement améliorer la situation de leurs frères, et non la leur seule, il leur faut être prêts, non seulement à changer tout le train de vie auquel ils sont habitués, mais à se priver des avantages dont ils jouissent, et à ne pas lutter pour les gouvernements mais contre eux, et même