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Page:Tolstoï - Les Rayons de l’aube.djvu/67

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pierre sont encore assez fortes chez l’homme pour qu’il puisse faire des actes réprouvés par sa conscience.

Un assassin tue un enfant sous mes yeux et je puis le sauver en tuant l’assassin ; alors dans certains cas il faut tuer, il faut résister au mal par la violence. Un homme se trouve en danger de mort et il ne peut se sauver que par mon mensonge, alors dans certains cas, il faut mentir. Un homme meurt de faim et je ne puis le sauver autrement qu’en volant, alors dans certains cas, il faut voler. Il n’y a pas longtemps, j’ai lu un récit de Coppée, dans lequel un ordonnance tue un officier qui était assuré sur la vie, et il sauve ainsi l’honneur de l’officier et la vie de sa famille ; alors, dans certains cas, il faut tuer.

Ces exemples inventés et les suites qui en découlent prouvent seulement qu’il y a des hommes qui savent que ce n’est pas bien de voler, de mentir, de tuer, mais qui ne veulent absolument pas cesser de faire cela et emploient toutes les forces de leur esprit à justifier ces actes. Il n’existe pas de règle morale à propos de laquelle on ne puisse imaginer une situation telle qu’il soit difficile de décider qu’est-ce qui est le plus moral : s’affranchir de la règle ou la remplir ?

C’est la même chose avec la question de non--