idéal moral hors d’atteinte. C’était trop ou rien. On peut ne pas nuire à son ennemi, mais l’aimer ! — Non. Jesus n’a pas pu exhorter à faire l’impossible. En outre, dans les tous premiers mots de la référence à l’ancienne loi : Vous avez appris… « Vous haïrez votre ennemi, » — il y avait quelque chose de douteux. Dans les autres passages, Jésus cite textuellement les termes de la loi de Moïse ; mais ici il cite des mots qui n’ont jamais été dits. On dirait qu’Il calomnie la loi de Moïse.
Les commentaires ne purent rien m’expliquer, tout comme dans mes doutes antérieurs. Dans tous les commentaires, on reconnaît que les mots : « Vous haïrez votre ennemi, » ne se trouvent pas dans la loi de Moïse, mais l’explication de ce passage inexactement cité ne se donne nulle part. On y parle de la difficulté d’aimer ses ennemis, c’est-à-dire les hommes méchants (on fait des corrections aux paroles de Jésus) ; on y dit qu’il est impossible d’aimer ses ennemis, mais qu’on peut ne pas leur vouloir du mal et ne point leur en faire. En outre, on insinue qu’on peut et qu’on doit convaincre ses ennemis, c’est-à-dire leur résister ; on parle des différents degrés auxquels on peut arriver dans l’amour de ses ennemis, de sorte que, d’après les explications de l’Église, la déduction finale, c’est que Jésus, on n’a jamais su pourquoi, a cité inexactement des paroles de la loi de Moïse et a prononcé des paroles sublimes, mais, au fond, inapplicables et vides de sens.
Il me paraissait à moi qu’il ne pouvait en être ainsi. Il devait y avoir ici, comme dans les quatre premiers commandements, un sens clair et précis. Et, pour trouver ce sens, je m’efforçai, avant tout, de comprendre la signification des paroles qui contiennent la référence