Page:Tolstoï - Ma religion.djvu/138

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un homme d’esprit et qu’il disait vrai, mais qui continuent neanmoins à vivre, comme par le passé, contrairement aux conseils du sage.

Ces gens ont tout entendu, tout compris ; ils n’ont omis que la signification capitale de l’enseignement du sage : que les hommes doivent être, eux-mêmes, les artisans de leur bonheur ici dans cette ferme où ils se rencontrent et qu’ils prennent pour une auberge, se figurant que la ferme promise, bien organisée, est quelque part, — ailleurs.

Voilà donc l’origine de cet étrange raisonnement : les préceptes du sage sont admirables, divins même, mais actuellement il est difficile de les pratiquer.

Oh ! si les hommes pouvaient cesser de courir eux-mêmes à leur perte et d’attendre que quelqu’un vienne à leur aide, par exemple, le Christ sur les nuages, au son des trompettes ; ou bien s’ils cessaient d’invoquer une loi historique quelconque, la loi de différentiation et d’intégration des forces ! Personne ne viendra à leur aide, s’ils ne s’aident eux-mêmes. Et pour s’aider soi-même, il ne faut rien attendre ni du ciel ni de la terre, mais cesser de travailler à sa propre perte.