Page:Tolstoï - Ma religion.djvu/145

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arrive à celui qui amasse des trésors pour soi-même, et qui n’est point riche devant Dieu. »

La mort nous menace à chaque instant ; c’est pourquoi, dit Jésus :

(Luc, xii, 35-36-38-39-40) « Que vos reins soient ceints, et ayez dans vos mains des lampes ardentes (35) ; soyez semblables à ceux qui attendent que leur maître retourne des noces, afin que lorsqu’il sera venu et qu’il aura frappé à la porte, ils lui ouvrent aussitôt (36). S’il arrive à la seconde ou à la troisième veille, et qu’il les trouve en cet état, ces serviteurs-là sont heureux (38). Or sachez que si le père de famille était averti de l’heure à laquelle le voleur doit venir, il veillerait sans doute et ne laisserait pas percer sa maison Tenez-vous donc aussi toujours prêts ; parce « que le Fils de l’homme viendra à l’heure où vous ne pensez pas (40). »

La parabole des vierges attendant le fiancé, celle de la consommation du siècle et du jugement dernier, toutes, selon l’avis de tous les commentateurs, ont pour but de nous rappeler la mort qui attend l’homme toujours et à chaque instant.

La mort vous attend à chaque seconde. Votre vie se passe toujours en vue de la mort. Si vous travaillez pour vous seul, pour votre avenir personnel, vous savez bien que ce qui vous attend dans l’avenir, c’est la mort. Et cette mort détruit tout ce que vous contempliez en travaillant. Par conséquent, la vie pour soi ne peut avoir aucun sens. La vie raisonnable doit être différente de celle-là, elle doit avoir en vue un autre objet qu’une pauvre personne humaine. La vie raisonnable doit consister à vivre de façon que la mort ne puisse pas anéan-