tout cela n’est autre chose que des débris de la même doctrine, apportée par l’Église, mais qu’elle s’efforçait de cacher soigneusement.
De notre temps, la vie du monde va son train, tout à fait en dehors de la doctrine de l’Église. Cette doctrine est restée si loin en arrière, que les hommes du monde n’entendent plus la voix des docteurs de l’Église. Cela se comprend, parce que l’Église parle d’une organisation de la vie du monde, qui n’existe plus ou qui se détruit rapidement.
Des gens naviguaient en bateau et ramaient, le pilote gouvernait. Ces gens se fiaient au pilote, et le pilote gouvernait bien ; mais plus tard le bon pilote fut remplacé par un autre, qui ne gouvernait pas. Le bateau marchait vite et sans effort. Au début, ces gens ne remarquaient pas que le nouveau pilote ne gouvernait pas, et ils ne songeaient qu’à se réjouir de ce que le bateau marchait facilement. Mais bientôt, convaincus que le nouveau pilote était de trop, ils se moquèrent de lui et le chassèrent.
Tout cela ne serait rien ; malheureusement, ces gens, mécontents du pilote maladroit, oublièrent que sans pilote on fait fausse route. C’est ce qui arrive à notre société chrétienne. L’Église ne gouverne pas, on navigue facilement, et nous sommes allés bien loin. La science moderne, dont est si fier le xixe siècle, semble parfois s’égarer ; cela vient de l’absence de pilote. Nous avançons, mais où allons-nous ? Nous vivons et nous organisons notre vie sans savoir le moins du monde pourquoi nous l’organisons ainsi et pas autrement. Mais on ne peut pas plus naviguer sans savoir où l’on va qu’on ne peut vivre sans savoir pourquoi.