Page:Tolstoï - Ma religion.djvu/248

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’une d’elles comme vous violez maintenant les règles de votre religion, les articles du Code civil ou ceux du code mondain. De même, vous manquerez peut-être, dans un moment d’entraînement, aux commandements de Jésus. Mais, dans les moments de calme, ne faites pas ce que vous faites maintenant ; ne vous organisez pas une existence qui rend si difficile la tâche de ne pas se mettre en colère, de ne pas commettre l’adultère, de ne pas prêter serment, de ne pas se défendre par la violence, de ne pas faire la guerre ; organisez-vous une existence qui rendrait difficile de faire tout cela. Vous ne pouvez pas ne pas le reconnaître, car c’est votre Dieu lui-même qui vous a commandé tout cela.

Supposons que vous êtes un incrédule, un philosophe de n’importe quelle école. Vous affirmez que les choses se passent dans le monde en vertu d’une loi que vous avez découverte. La doctrine de Jésus ne s’élève pas contre vous, elle reconnaît la loi que vous avez découverte. Mais, outre cette loi, en vertu de laquelle dans mille ans le monde sera comblé des bienfaits que vous souhaitez, il y a encore votre vie personnelle que vous pouvez dépenser en vivant conformément à la raison ou en contradiction avec elle ; et, précisément pour cette vie, vous n’avez actuellement aucune règle, sauf celles qui sont rédigées par des hommes que vous n’estimez pas et mises en vigueur par la police. La doctrine de Jésus vous donne ces règles, qui, assurément, sont d’accord avec votre loi, parce que votre loi de « l’altruisme » ou de la volonté unique n’est pas autre chose qu’une mauvaise paraphrase de cette même doctrine de Jésus.

Supposons que vous êtes un homme moyen, à demi