Page:Tolstoï - Ma religion.djvu/64

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mots ajoutés, ou bien ont remplacé le mot : « et, καὶ » par le mot « ou,  » et avec cette particule « ou », ce passage est rentré dans le recueil canonique. Néanmoins, malgré la clarté non équivoque du texte, ainsi rédigé, les commentateurs continuent à lui donner le sens qu’il avait avec les additions rejetées par le canon. Ce passage a provoqué d’innombrables commentaires qui s’éloignent d’autant plus de la vraie signification, que le commentateur est moins fidèle au sens le plus simple et le plus immédiat de la doctrine de Jésus. La majorité s’attache au sens apocryphe, qui pourtant est rejeté par le texte canonique.

Pour se convaincre absolument que, dans ces versets, Jésus parle seulement de la loi éternelle, il suffit de pénétrer la signification du mot qui donne lieu aux fausses interprétations. Le mot français loi, en grec νομός, en hébreu thora, a, en français, en grec et en hébreu, deux significations principales : l’une — la loi par elle-même, indépendante de la formule ; la seconde, — la formule écrite de ce que les hommes reconnaissent comme la loi. La différence entre ces deux acceptions existe dans toutes les langues.

En grec, dans les Épîtres de Paul, cette différence est même indiquée par l’emploi de l’article. Sans article, Paul emploie ce mot le plus souvent dans le sens de la loi divine éternelle.

Chez les anciens Hébreux, chez les Prophètes, chez Isaïe, le mot loi « thora » est toujours employé dans le sens de révélation une et éternelle, non formulée, dans le sens d’intuition divine. Ce même mot « thora » commence à être employé pour la première fois chez Esdras et, plus tard, à l’époque du Talmud, pour désigner les