Page:Tolstoï - Ma religion.djvu/90

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il est dit que : répudier une femme l’expose à commettre adultère, et puis qu’il est permis de répudier une femme coupable d’adultère, comme si une femme coupable d’adultère ne commettra plus l’adultère après avoir été répudiée.

Mais ce n’est pas tout ; quand j’eus examiné attentivement ce passage, je vis qu’il lui manque même tout sens grammatical. Il est dit : « Quiconque répudie sa femme, sauf pour faute d’adultère, l’expose à commettre adultère  », et la proposition est finie. Il est question du mari, de ce qu’en répudiant sa femme il l’expose à commettre adultère ; à quel propos est-il donc ajouté « sauf pour cause d’adultère » ? S’il était dit qu’un mari qui répudie sa femme est coupable d’adultère, sauf le cas où sa femme lui aurait été infidèle, — la proposition serait grammaticalement correcte. Mais ici le sujet « le mari qui répudie », n’a pas d’autre attribut que le mot « expose ». Il n’est pas permis de rapporter à cet attribut les mots : « sauf pour cause d’adultère. »

À quel propos se trouve donc ici la phrase « sauf pour cause d’adultère » ? Il est clair que, soit pour cause, soit sans cause d’adultère, le mari, en répudiant sa femme l’expose également.

Cette phrase est toute pareille à celle-ci : Quiconque refuse la nourriture à son fils, outre la faute de méchanceté, l’expose à devenir cruel. Cette phrase ne peut évidemment pas signifier qu’un père peut refuser la nourriture à son fils si celui-ci est méchant. Le seul sens qu’elle puisse avoir, c’est qu’un père qui refuse la nourriture à son fils, outre qu’il est méchant envers son fils, expose celui-ci à devenir cruel. De même, la phrase