Page:Tolstoï - Ma religion.djvu/92

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faite évidemment avec intention, pour que le sens, attribué par les commentateurs à ce passage et au contexte du chapitre xix, devînt absolument inadmissible et pour que le sens d’après lequel le mot πορνεία doit être rapporté au mari devînt évident.

La traduction que fera chaque personne connaissant la langue grecque sera la suivante : παρεκτὸς excepté, λογοῦ, le dol (la faute), πορνεῖας de libertinage, ποιεῖ, oblige, ἅυτην, elle, μοιχάσθαι, à être adultère. Ceci donne mot pour mot : Quiconque répudie sa femme, outre la faute de libertinage, l’oblige à être adultère.

On obtient le même sens dans le passage du chapitre xix. Il suffit de corriger la traduction inexacte du mot πορνεία en mettant libertinage au lieu d’adultère, pour qu’il soit clair que les mots : ἕι μή ἐπί πορνεία ne peuvent pas se rapporter à la femme. Et juste comme les mots παρεκτὸς λόγου πορνεῖας ne peuvent signifier rien d’autre que : outre la faute de libertinage du mari, — ainsi les mots ἕι μή ἐπί πορνεία qu’on lit dans le xixe chapitre, ne peuvent être rapportés à rien d’autre qu’au libertinage du mari. Il est dit, ἕι μή ἐπί πορνεία, mot pour mot : si ce n’est pas par libertinage (pour s’adonner au libertinage). Et alors le sens apparaît clair. Jésus, visant l’idée des pharisiens qui croyaient qu’un homme abandonnant sa femme pour en épouser une autre, sans intention de s’adonner au libertinage, ne commet pas un adultère, leur répond que l’abandon d’une femme, c’est-à-dire la cessation des rapports avec elle, quand même ce ne serait pas pour s’adonner au libertinage, mais pour en épouser une autre, n’en est pas moins un adultère. Ainsi se dégage le sens simple de ce commandement ; il concorde avec toute la doctrine, avec les paroles dont elles