Page:Tolstoï - Plaisirs cruels.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans les classes moyennes ou inférieures, c’est la même chose. La gourmandise se substitue tellement au véritable objet de la réunion qu’en grec et en français, c’est le même mot « noce » qui sert à désigner et le mariage et la fête. Mais au moins, dans le monde ouvrier, on ne chercha pas à dissimuler ce sentiment. Chez les riches, au contraire, on affecte de ne considérer ces agapes que comme une satisfaction donnée à l’usage et aux convenances. Manger est pour eux une corvée ; mais qu’on essaye de leur donner au lieu de plats recherchés quelque chose de plus simple, du bouilli, par exemple, vous verrez quelle tempête cela provoquera ; c’est qu’en réalité ce qui prime tout chez eux, c’est la gloutonnerie.

La satisfaction du besoin a des limites, mais le plaisir n’en a pas. Pour satisfaire son estomac, il suffit de manger le pain, le gruau ou le riz ; tandis que, pour le plaisir, il n’y a