Page:Tolstoï - Plaisirs cruels.djvu/34

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souci fondamental, auquel tous les autres sont subordonnés : c’est le souci de sa nourriture. À ce point de vue, l’homme est un vrai animal, et il ne peut guère faire autrement, étant soumis aux mêmes lois physiologiques que tous les animaus de la création. Il suffit de consulter les récits militaires authentiques, écrits au jour le jour, suivant les hasards du bivouac, — et on en publie tant aujourdhui, qu’ils commencent à former une petite littérature toute spéciale — et on verra quelle place importante, prépondérante, presque exclusive, tient le souci du dîner et du déjeuner. C’est pour chacun de ces braves gens, qu’ils écrivent en anglais, en français ou en allemand, la préoccupation primordiale. Ils se rappellent les villes qu’ils ont traversées, les campagnes qu’ils ont menées, non d’après des victoires ou des revers, non même d’après des dangers courus et victorieusement surmontés, mais d’après les ripailles, les bombances qu’ils ont faites.