Page:Tolstoï - Plaisirs cruels.djvu/86

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La moralité de la vie, d’après la doctrine païenne et, plus encore, d’après la doctrine chrétienne, ne peut être définie que par le rapport, dans le sens mathématique, de l’amour pour soi à l’amour pour le prochain. Moins on a d’amour pour soi-même, moins on exige de soins et de peines de la part des autres, et plus on a d’amour pour le prochain, de souci du bien d’autrui ; plus on travaille pour lui, plus la vie est morale.

Ainsi entendaient et entendent la bonne vie, tous les sages de l’humanité et tous les véritables chrétiens ; elle est comprise de même par tous les gens simples. Plus l’homme donne aux autres et exige moins pour lui, plus il est près de la perfection. Moins il donne aux autres et plus il exige pour lui, plus il s’éloigne de la perfection.

Si vous déplacez le centre de gravité d’un levier, en le rapprochant du bras le plus court, par ce fait, non seulement le bras long