Page:Tolstoï - Plaisirs vicieux.djvu/137

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professe la doctrine du Christ, l’ascension d’une hauteur n’est qu’une excitation nouvelle à en gravir une autre et ainsi de suite, en s’élevant toujours davantage et se rapprochant de l’idéal inaccessible.

Le chrétien reste toujours dans l’attitude du publicain : il a toujours le sentiment douloureux de son insuffisance. Il avance sans cesse, impatiemment, apercevant devant lui une longue route dont le parcours infini le sépare de son but.

L’homme qui prend la loi au pied de la lettre et qui en accomplit strictement chaque formule peut être comparé à une personne qui se tient dans la sphère lumineuse d’une lampe fixée sur un point immuable : la lumière lui manque dès qu’il veut franchir cette sphère. Celui, au contraire, qui obéit à l’impulsion du sentiment intime est comme un homme qui porterait une lanterne fixée sur une longue perche ; les rayons lumineux,