Page:Tolstoï - Plaisirs vicieux.djvu/176

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poussé par de mauvais instincts et non par besoin, en sorte que l’humanité n’en sera plus responsable. Les malades, les faibles, ne seront pas obligés pour vivre de vendre leurs bras ni leur âme.

Pour moi, j’envisage encore autrement la pensée de Bondarev tout en la partageant d’une manière absolue.

Les hommes furent d’abord anthropophages. Plus tard, lorsqu’ils se rendirent compte de la communauté de leur origine, ils ne se nourrirent plus les uns des autres. Ils se contentèrent alors de s’emparer par violence du travail d’autrui et ils établirent l’esclavage. Plus tard encore, grâce aux progrès de la conscience, ils ne purent manifester leur violence que sous des formes moins brutales, plus compliquées et ne s’approprièrent plus ouvertement le bien des faibles. Aujourd’hui, enfin, ils asservissent leur prochain en spéculant sur la misère.