Page:Tolstoï - Plaisirs vicieux.djvu/24

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de cette intelligence qu’elle ait cru devoir lui susciter le plus d’ennemis possible à figure avenante, depuis la pomme du serpent jusqu’à la vigne de Noé, sans préjudice de tous les ennemis à visage découvert, tels que maladies, épidémies, contagions, pestes, guerres, tempêtes, bêtes venimeuses, fleurs homicides, fruits vénéneux ? Si cette intelligence eût pu se développer sans ces obstacles de différentes espèces, peut-être eût-elle trouvé trop vite la solution du problème qu’elle a mission de chercher, et peut-être la nature a-t-elle besoin de millions et de milliards d’années, surtout si elle veut le faire meilleur, pour préparer le monde qui doit succéder à celui-ci ? C’est pour cela sans doute aussi qu’elle n’a départi cette fameuse intelligence qu’à quelques-unes de ses créatures, très rares, tandis qu’elle a dispensé aux autres cette incommensurable imbécillité que rien n’apaise depuis des siècles et qu’on ne s’explique que par une