Page:Tolstoï - Plaisirs vicieux.djvu/66

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forces, retourna dans la chambre à coucher et acheva sa victime.

Il est évident que sa passion pour le tabac, dans des conditions aussi particulières, était inspirée, non par le désir d’éclaircir ses pensées ou de se procurer quelque joie, mais par la nécessité d’étouffer la voix qui l’empêchait d’achever le crime qu’il avait commencé.

Tout fumeur peut, s’il le veut, remarquer le même besoin, nettement exprimé, d’engourdir ses facultés intellectuelles, dans certains moments critiques de sa vie. Quant à moi, je puis parfaitement bien me rappeler, à l’époque où je fumais encore, les moments où le besoin de fumer était plus pressant, plus tyrannique. Cela arrivait presque toujours dans le cas où je voulais oublier certaines choses, endormir ma pensée. Parfois, resté seul et oisif, j’avais conscience que je devais travailler, mais tout travail m’était