Page:Tolstoï - Plaisirs vicieux.djvu/76

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mûres dans votre cerveau : elles ne sont qu’à l’état naissant, et le sentiment critique qui est en vous et qui n’est pas étouffé par l’action du tabac vous l’indique très nettement. Ainsi donc, si vous n’étiez pas un fumeur, vous attendriez patiemment, dans de telles conditions, ou bien que vous ayez une représentation nette du sujet que vous voulez traiter, ou bien vous vous efforceriez, en entrant hardiment dans la question, de vous l’assimiler complètement en pesant et en discutant les objections qui naîtraient dans votre esprit et en mettant vos pensées au net.

Au lieu de cela, vous prenez une cigarette et vous fumez. Votre sens critique s’efface, s’engourdit, et l’obstacle qui vous gênait pour votre travail disparaît. C’est que ce qui vous semblait insuffisant, futile, tant que votre cerveau était encore lucide, vous paraît maintenant grand, remarquable ; que ce qui jusqu’ici vous frappait par son incohérence,