Page:Tolstoï - Plaisirs vicieux.djvu/99

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tuer. Les uns élaborent des combinaisons politiques, concluent des alliances, règlent la question de savoir qui égorgera et qui sera égorgé ; d’autres dirigent les travaux de ceux qui s’occupent à tenir tout prêt pour le massacre ; d’autres enfin, se résignent, contre leur propre volonté, contre leur conscience, contre leur raison, à ces préparatifs de meurtre. Des hommes, à l’esprit lucide pourraient-ils agir de la sorte ? Il n’y a que des alcoolisés, des intoxiqués qui puissent faire de telles choses, qui puissent continuer à vivre au milieu de cette lutte perpétuelle, terrible, irréconciliable entre la vie et la conscience, lutte dans laquelle, non seulement sous ce rapport, mais encore sous tous les autres, les gens de ce monde passent toute leur existence.

Jamais, j’en suis convaincu, à aucune autre période de l’histoire, l’humanité n’a mené une existence dans laquelle les inspi-