Page:Tolstoï - Polikouchka.djvu/29

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entraves, lui coupait le jarret jusqu’au sang, malgré ses ruades et ses hennissements ; il prétendait que ces démonstrations de la bête signifiaient : « Laissez sortir le sang au-dessus de mon sabot. » Il expliquait ensuite au moujik la nécessité de tirer du sang des veines « en vue d’une plus grande légèreté », et se mettait en conséquence à frapper le cheval d’une lancette ébréchée. Puis, ayant noué le châle de sa femme autour du ventre du cheval, il brûlait à la pierre infernale ou humectait du contenu d’un flacon toutes les plaies, et quelquefois faisait ingurgiter à l’animal tout ce qui lui passait par la tête. Et plus il tuait de chevaux, plus on croyait en lui, et plus on lui en amenait.

Je sens bien que nous autres, mes maîtres, nous aurions mauvaise grâce à nous moquer de Polikey. Les moyens qu’il employait pour in-