Page:Tolstoï - Polikouchka.djvu/45

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de la confiance que tu m’inspires. Va, dit-elle, chez le marchand ; prends l’argent et l’apporte. » Et moi j’ai répondu : « Nous, Madame, nous sommes tous vos esclaves ; nous devons vous servir comme Dieu. Je sens que je suis prêt à tout pour votre service. Je ne refuserai aucune des besognes qu’il vous plaira de m’imposer. Tout ce que vous m’ordonnerez, je l’exécuterai, car je suis votre esclave ». (Il sourit de nouveau, de ce sourire d’un homme faible, bon et coupable.) « Alors, dit-elle, tu t’acquitteras bien de ta mission. Comprends-tu que ton sort en dépend ? » — « Comment ne le comprendrais-je pas ? ai-je repondu. Si l’on vous a dit du mal de moi, c’est que personne n’est à l’abri de la calomnie ; pour moi, je n’ai jamais osé concevoir même la pensée d’agir contre vos intérêts. » En un mot, j’ai si bien parlé que ma barinia s’est amollie comme une cire :