foule de personnes qui ne savaient pas au juste ce qui produisait le jour et la nuit, l’été et l’hiver. Et l’astronome me répondit en souriant : « Oui, ce serait un beau sujet, mais trop difficile. Il m’est infiniment plus facile de parler de l’analyse spectrale de la voie lactée. »
Il en va de même pour l’art. Écrire un poème sur un sujet du temps de Cléopâtre, peindre Néron mettant le feu à Rome, composer une symphonie dans la manière de Brahms et de Richard Strauss, ou un opéra comme ceux de Wagner, cela est infiniment plus facile que de raconter une simple histoire sans rien d’exceptionnel, et cependant de la raconter de telle façon qu’elle transmette le sentiment de celui qui la raconte, ou encore de dessiner au crayon une image qui émeuve ou qui égaie le spectateur, ou d’écrire quatre mesures d’une mélodie sans accompagnement, mais qui traduise un certain état de l’âme.
— Mais il nous est impossible, avec notre civilisation présente, de revenir aux formes primitives ! diront à cela les artistes. Il nous est impossible d’écrire aujourd’hui des récits comme l’histoire de Joseph ou comme l’Odyssée, de composer de la musique comme celle des chansons populaires !