Page:Tolstoï - Qu’est-ce que l’art ?.djvu/280

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la vie de l’homme, d’apprendre ces vérités religieuses, morales, sociales, sans lesquelles toute notre soi-disant connaissance de la nature ne saurait nous être qu’inutile ou funeste.

Nous sommes très heureux et très fiers de ce que notre science nous donne la possibilité d’utiliser, au profit de l’industrie, la force de la vapeur, ou encore de ce qu’elle nous permette de creuser des tunnels dans les montagnes. Mais comment ne songeons-nous pas que cette force de la vapeur, nous ne l’employons pas pour le bien-être des hommes, mais au contraire pour l’enrichissement d’un petit nombre de capitalistes ? Cette même dynamite, qui nous sert à percer des tunnels, comment ne songeons-nous pas que son principal emploi n’est pas de creuser des tunnels, mais de servir à la destruction de vies humaines, d’être un terrible instrument pour ces guerres que nous nous obstinons à considérer comme indispensables et auxquelles nous ne cessons pas de nous préparer ?

Et si même il est vrai — ce qui resterait à prouver — que la science soit aujourd’hui parvenue à empêcher la diphtérie, à couper les bosses, à guérir la syphilis, à accomplir des opérations