Page:Tolstoï - Quelle est ma vie ?.djvu/33

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telles que, franchement, ils ne pouvaient les nommer ainsi. On aurait dit que quelque cause extérieure obligeait ceux qui m’écoutaient à montrer une indulgence excessive à mon égard.

« Ah oui ! Bien sûr… Cela serait très bien », me disait-on. — « Certainement, il est impossible de ne pas s’intéresser à cela. » — « Oui, votre idée est belle… Moi aussi, j’ai pensé à cet état de choses, mais… chez nous, on est si indifférent qu’il ne faut pas compter sur un grand succès… Du reste, pour ma part, je suis prêt à vous offrir mon concours en cette affaire. »

Tous me disaient quelque chose de semblable ; mais il me semblait qu’ils consentaient, non parce que je les avais persuadés, non parce qu’ils en avaient le désir, mais pour un motif extérieur qui ne leur permettait pas de refuser. Je remarquai aussi qu’aucun de ceux qui m’avaient promis leur concours n’indiquait la somme qu’il se proposait de donner. Je devais moi-même la déterminer et demander : « Eh bien, puis-je compter sur vous pour 300, 200, 100 ou 25 roubles ? », mais personne ne me donna d’argent. Je note ceci parce que tous les gens se hâtent généralement de verser le prix d’une chose qu’ils désirent. Pour avoir une loge