Page:Tolstoï - Quelle est ma vie ?.djvu/58

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rides comme les rayons d’un astre ; elle était affable, bavarde, et semblait satisfaite de sa belle et paisible existence.

Ivan Fedotich, le patron du caboulot et des logements, vint nous accompagner. Il plaisanta d’une manière affable plusieurs locataires, les appelant tous par leur nom et par leur nom patronymique, et nous décrivant sommairement leur caractère. C’étaient tous des gens ordinaires, des Martins Semienovitchs, des Piotres Piotrovitchis, des Marias Ivanovnas, — gens qui ne se croyaient pas malheureux et ne manquaient pas de fierté ; c’étaient, en effet, des hommes comme tout le monde.

Nous nous attendions à ne rencontrer là que des choses affreuses, et tout à coup, au lieu de choses affreuses, nous y voyions quelque chose qui non seulement n’était pas affreux, mais encore était bien et excitait involontairement notre estime. Et ces braves gens étaient si nombreux que les individus déguenillés, perdus et oisifs, qu’on rencontrait de temps en temps parmi eux ne troublaient pas l’impression générale.

Les étudiants ne furent pas aussi frappés que moi. Ils accomplissaient simplement une œuvre