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Page:Tolstoï - Quelle est ma vie ?.djvu/60

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trouvait une femme atteinte de fièvre puerpérale. Une femme qui vivait de prostitution, berçait l’enfant, lui donnait le biberon et avait, pour cela, abandonné son métier pendant deux jours. Une fille restée orpheline, avait été recueillie par la famille du tailleur qui, lui-même, avait trois enfants. Il ne restait donc que les malheureux, les oisifs, les fonctionnaires, les copistes, les laquais sans place, les mendiants, les ivrognes, les prostituées, les enfants qu’on ne pouvait pas secourir avec de l’argent, mais qu’il fallait d’abord bien connaître avant de les aider. Je cherchais tout simplement des malheureux, des malheureux par pauvreté, qu’on put aider, en partageant avec eux notre superflu, et il me semblait que c’était pour moi un véritable malheur de ne les point rencontrer, tandis que je rencontrais des malheureux qui exigeaient beaucoup plus de temps et de soucis.