Page:Tolstoï - Quelle est ma vie ?.djvu/9

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— Eh bien ! on l’a pincé ? me demanda le cocher. Évidemment le cocher s’intéressait à l’affaire. — On l’a pris, lui répondis-je. Le cocher secoua la tête.

— Comment donc est-il possible que chez vous, à Moscou, il soit défendu de demander au nom du Christ ? dis-je au cocher.

— Qui le sait ? dit le cocher.

— Comment cela se fait-il ? Le mendiant appartient au Christ et on le traîne au poste !

— Tout cela est oublié, aujourd’hui ; on ne permet plus de mendier, dit le cocher.

Il m’est arrivé plus d’une fois encore de voir les agents mener des mendiants au poste et de là à la maison de travail de Ioussoupof. Un jour, dans la rue Miasnitskaïa, je rencontrai une troupe d’environ trente de ces mendiants. En tête et en queue de la bande marchaient des agents de police. Je demandai : « Pourquoi ? » — « Pour mendicité. »

Ainsi, à Moscou, il est interdit de mendier à tous ces gens qu’en rencontre par groupes dans chaque rue et qui se tiennent ordinairement rangés, en longues haies, devant chaque église, pendant la messe et surtout les jours d’enterrement.