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Page:Tolstoï - Quelle est ma vie ?.djvu/99

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à moi, tout prêt a leur répondre comme je pouvais et comme je savais.

Je reçus plus d’une centaine de lettres qui m’étaient adressées par des pauvres ; toutes ces lettres m’étaient écrites par des riches-pauvres, si je puis m’exprimer ainsi. J’en visitai quelques-uns et laissai les autres sans réponse. Je ne pouvais rien faire. Toutes ces correspondances m’étaient envoyées par des gens qui s’étaient trouvés autrefois dans une situation privilégiée, (je nomme ainsi la position dans laquelle les gens reçoivent plus qu’ils ne donnent) et qui, l’ayant perdue, voulaient l’occuper de nouveau. L’un avait besoin de 200 roubles pour relever son commerce qui périclitait et pour achever l’éducation de ses enfants ; l’autre désirait avoir un atelier de photographie ; un troisième voulait payer ses dettes et dégager son habit de fête ; un quatrième avait besoin d’un piano pour se perfectionner dans la musique, et soutenir sa famille, en donnant des leçons. La plupart ne demandaient pas une somme déterminée mais me priaient simplement de leur venir en aide. Mais, en examinant ces demandes, je remarquai que les besoins grandissaient en raison directe des secours accordés, de sorte qu’on ne