Page:Tolstoï - Réponse au Synode, 1901.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

indicible amour. D’une part, je me suis efforcé de lire tout ce qui se rapporte à cet enseignement, je me suis attaché à l’étude et à l’examen critique de la théologie dogmatique ; d’autre part, je me suis scrupuleusement conformé, pendant plus d’un an, à toutes les prescriptions de l’Église, observant tous les jeûnes, assistant à tous les offices. Et je me suis convaincu que l’enseignement de l’Église est, théoriquement, un mensonge astucieux et nuisible, pratiquement, un composé de superstitions grossières et de sorcellerie, sous lequel disparaît absolument le sens de la doctrine chrétienne[1].

  1. Il suffit de parcourir le rituel pour se convaincre que les cérémonies dont la célébration occupe sans cesse le clergé orthodoxe et qui constituent ce qu’on appelle le culte chrétien, ne sont que des pratiques de sorcellerie appliquées à toutes les occasions de la vie. Pour être assuré qu’un enfant, s’il meurt, ira en paradis, il convient de l’oindre suivant un certain rite et de le plonger dans l’eau en prononçant certaines paroles. Il y a des chants liturgiques, pour purifier une nouvelle accouchée. Quiconque voudra réussir dans une affaire, ou se ménager un séjour paisible dans sa nouvelle demeure, quiconque souhaitera une riche moisson à la fin de la sécheresse, quiconque désirera la guérison d’un malade ou quelque adoucissement aux souffrances d’une âme dans l’autre monde, aura recours également à des incantations spéciales qu’un prêtre prononcera, dans un lieu déterminé, moyennant quelque offrande.