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DEUXIÈME PARTIE


CHAPITRE I


I


Ayant appris que le pourvoi en cassation de la Maslova serait sans doute examiné au Sénat dans une quinzaine de jours, Nekhludov avait formé le projet d’aller, vers ce moment, à Saint-Pétersbourg, pour y faire les démarches nécessaires, et aussi, en cas de rejet du pourvoi, pour s’occuper de présenter le recours en grâce, ainsi que le lui avait recommandé l’avocat. Mais celui-ci lui avait encore répété que le succès de ce double recours lui paraissait des plus improbables, vu le peu de valeur des motifs invoqués, de sorte que très vraisemblablement la Maslova serait comprise, dans un convoi de forçats qui devait quitter la prison dès les premiers jours de juin. Et comme Nekhludov persistait toujours dans son intention de la suivre partout, fût-ce en Sibérie, il avait résolu d’employer ces quinze jours d’attente à visiter l’une après l’autre ses diverses propriétés, pour mettre ordre, une bonne fois, à toutes ses affaires.

Il se rendit d’abord à Kouzminskoïe. C’était, de toutes ses propriétés, la plus voisine, et aussi la plus grande, celle dont il tirait le plus gros revenu. Il y avait vécu dans sa jeunesse, et à maintes reprises, plus tard, il y était retourné. Il y avait un jour, à la demande de sa mère, amené lui-même l’économe allemand qui mainte-