borna à dire : « Vous pouvez causer ! » Après quoi il se replongea dans ses papiers.
La Maslova était vêtue de son ancien costume de prison, avec sa veste blanche et son fichu sur la tête. En apercevant l’expression froide et hostile du visage de Nekhludov, elle rougit, et, saisissant un pli de sa veste, elle baissa les yeux. Son attitude confirma, pour Nekhludov, le récit du gardien.
Il voulait, de tout son cœur, la traiter de la même façon que les fois précédentes. Mais quand il essaya de lui tendre la main, la chose lui fut impossible, tant il avait, désormais, d’aversion pour elle.
— Je vous apporte une mauvaise nouvelle ! — lui dit-il d’une voix calme, mais sans la regarder ni lui tendre la main. — Votre pourvoi est rejeté.
— Je le savais d’avance ! — répondit-elle tout bas.
En toute autre circonstance, Nekhludov lui aurait demandé pourquoi elle disait cela ; mais cette fois il se borna à la regarder. Et il vit que ses yeux étaient pleins de larmes.
Et, loin de l’attendrir, cette vue ne fit que l’irriter contre elle.
Le directeur se leva, se mit à marcher de long en large.
Nekhludov, malgré son irritation, crut devoir exprimer à la Maslova le regret que lui inspirait le rejet du pourvoi.
— Ne vous désespérez pas ! — dit-il. — On peut encore compter sur le recours en grâce, et…
— Oh ! ce n’est pas cela qui… — répondit-elle, en fixant sur lui, plaintivement, ses yeux mouillés de larmes.
— Et qu’est-ce donc ?
— Vous êtes allé à l’infirmerie, et on vous a dit…
— Bah ! cela ne regarde que vous ! — répliqua Nekhludov, d’un ton sec, en fronçant les sourcils. La mention qu’elle venait de faire de l’infirmerie avait réveillé en lui le misérable sentiment de son orgueil offensé. « Moi, un homme du monde, avec qui la jeune fille la plus aristo-