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CHAPITRE VII


Le matin où, dans la cour de l’étape, avait eu lieu la querelle entre l’officier de police et le père de la petite fille, Nekhludov, qui avait couché à l’auberge, s’était éveillé moins tôt que d’ordinaire : et il avait eu encore, sitôt levé, à écrire de nombreuses lettres, de sorte qu’il était parti trop tard pour pouvoir rejoindre le convoi en chemin, comme il l’avait fait les jours précédents. Quand il était arrivé au village où se trouvait l’étape suivante du convoi, déjà le soir commençait à tomber.

Nekhludov se fit d’abord conduire à l’auberge du village. Après avoir changé de linge et de vêtement, — car le brouillard l’avait trempé jusqu’aux os, — il s’assit dans une grande salle propre et avenante, toute décorée d’images pieuses et de portraits de la famille impériale. Il but, coup sur coup, plusieurs verres de thé, subit sans trop d’impatience le bavardage de l’hôtesse, une grosse veuve à la gorge débordante, et se prépare à sortir pour aller demander à l’officier du convoi la permission de s’entretenir avec la Maslova.

Pendant les six derniers jours, cette permission lui avait été refusée. Il avait pu échanger quelques paroles avec la Maslova et ses compagnons sur la route, mais pas une fois on ne l’avait laissé entrer dans l’étape, Cette sévérité provenait de ce qu’on attendait la visite d’un haut fonctionnaire, un inspecteur des prisons. Mais l’inspecteur était enfin venu, ou plutôt il avait passé près du