— Je ne me rappelle pas. Un certain temps.
— Ah ! et la prévenue a-t-elle également oublié si, en sortant de chez le marchand Smielkov, elle est entrée quelque autre part, dans l’hôtel ?
La Maslova réfléchit un moment.
— Dans la chambre voisine, qui était vide, j’y suis entrée ! — répondit-elle.
— Et pourquoi donc y êtes-vous entrée ? — demanda le substitut, se retournant tout d’un coup et s’adressant directement à elle.
— C’était pour me rajuster et pour attendre le fiacre.
— Kartymkine est-il entré aussi dans la chambre avec la prévenue, oui ou non ?
— Il y est entré aussi.
— Et pourquoi y est-il entré ?
— Il y avait encore de la fine champagne dans la bouteille, nous l’avons bue ensemble.
— Et la prévenue a-t-elle parlé de quelque chose avec Simon ?
— Je n’ai parlé de rien. Tout ce qu’il y a eu, je l’ai dit ! — déclara-t-elle.
— Je n’ai rien de plus à demander, — dit le substitut au président ; après quoi il se mit à inscrire précipitamment, dans l’esquisse de son discours, que la prévenue avait avoué elle-même être entrée dans une chambre vide avec son complice.
Un silence suivit.
— Vous n’avez rien de plus à dire ?
— Tout ce qu’il y avait, je l’ai dit, — répéta la Maslova. Puis elle soupira et se rassit.
Alors le président nota quelque chose sur ses papiers, écouta une communication que lui faisait à l’oreille un des assesseurs, déclara que la séance serait suspendue pendant vingt minutes, se leva en hâte, et sortit de la salle.
L’assesseur qui lui avait parlé était le juge à la grande barbe, avec de bons gros yeux : ce magistrat se sentait l’estomac légèrement dérangé, et il avait exprimé le