Page:Tolstoï - Religion et morale.djvu/11

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2o La religion, c’est, en second lieu, un ensemble de notions superstitieuses et un mode d’adoration superstitieuse qui en découle. Telle est l’acception dans laquelle est pris le terme religion par ceux qui ne croient à aucune religion ou qui ne croient pas à celle dont ils donnent la définition.

3o C’est, enfin, un ensemble de règles et de lois inventées par la classe intelligente, règles et lois indispensables pour le peuple, pris dans sa masse inculte, soit comme calmant à lui apporter, soit comme frein à mettre à ses passions, soit comme moyen de le gouverner. Telle est l’acception dans laquelle est pris le mot religion par ceux qui la considèrent avec indifférence, mais qui voient en elle un instrument utile aux mains de l’État.

La religion, au premier sens, c’est la vérité évidente, irréfutable, vérité qu’il est désirable, qu’il est indispensable de répandre par tous les moyens possibles parmi les hommes, pour leur propre bien.

Prise dans le second sens, la religion est un ensemble de superstitions dont il est désirable, dont il est indispensable même, pour le bien de l’humanité, de délivrer les hommes par tous les moyens possibles.

D’après la troisième définition, la religion est un certain arrangement conventionnel fort utile à tous, quoique pourtant les gens cultivés n’en aient que faire, mais qui est indispensable pour calmer et gou-