Page:Tolstoï - Religion et morale.djvu/33

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Marc-Aurèle ou un Sénèque, pour trouver le sens de la vie dans la conscience qu’il possède d’être un instrument de la volonté de Dieu, d’être fils de Dieu.

Mais enfin, me demanderez-vous, en quoi consiste l’essence de cette méthode, qui n’est ni scientifique ni philosophique, pour arriver à la connaissance ? Si cette connaissance n’est ni philosophique, ni scientifique, qu’est-elle donc ? Comment la définir ? Je ne puis faire à de pareilles questions d’autre réponse que celle-ci : étant donné que la connaissance religieuse sert de base à toutes les autres connaissances, auxquelles elle est antérieur, il s’ensuit que nous ne pouvons en donner la définition n’ayant pas pour cela les instruments, qui servent à définir. Cette connaissance, c’est ce qu’on appelle dans la langue théologique la Révélation. Et ce terme, dépouillé de sa valeur mystique est juste, car ce ne sont point les études et les efforts de tel ou tel homme ou de plusieurs hommes qui font acquérir cette connaissance ; bien au contraire, dans l’acquisition qu’ils en font, le rôle des hommes consiste seulement à recevoir la manifestation de l’intelligence infinie qui, petit à petit, se dévoile à leurs yeux.

Pourquoi les hommes, il y a dix mille ans, n’étaient-ils pas en mesure de comprendre que leur vie, consacrée seulement à la recherche du bien individuel, n’avait pas toute sa signification ? Et pourquoi vint-il