Page:Tolstoï - Religion et morale.djvu/48

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grande encore l’irréfutabilité de cette loi qui régit le monde organique et par conséquent l’homme considéré comme un animal.

Précisément au moment où j’étais en train d’écrire ces lignes, il a paru une traduction russe d’un article de M. Huxley qui est la reproduction d’un discours sur l’Évolution et l’Éthique prononcé dans je ne sais plus trop quelle société anglaise.

Comme l’ont fait ses prédécesseurs qui, il y a quelques années, ont écrit sur le même sujet avec un égal insuccès, (notre célèbre Beketov par exemple et bien d’autres), le savant professeur s’efforce dans cet article de prouver que la lutte pour l’existence ne viole pas la morale et que, tout en acceptant cette loi comme loi fondamentale de la vie, la morale peut subsister et même aller en se perfectionnant. L’article de M. Huxley est émaillé de plaisanteries, de citations, de vers et de considérations générales sur la religion et la philosophie des anciens. Aussi est-il si entortillé et si embrouillé que c’est avec la plus grande peine que j’ai pu en dégager la pensée fondamentale. Cette pensée est la suivante : la loi de l’évolution est contraire à la morale ; la Grèce, comme l’Inde, le savait. Et la philosophie des Grecs, comme celle des Hindous, les amenait à la doctrine du renoncement à soi-même. Cette doctrine n’est pas la vraie.