Page:Tolstoï - Religion et morale.djvu/56

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Il serait certainement désirable d’avoir une doctrine morale pure de toute superstition. Mais le fait est que la morale n’est que la conséquence d’un certain rapport établi entre l’homme et l’univers, ou entre l’homme et Dieu, Si donc la manière dont ce rapport est établi s’exprime en des formes qui nous paraissent superstitieuses, il faut pour couper court à cet état de choses s’efforcer de donner à ce rapport, une expression plus raisonnable, plus claire et plus exacte ; ou même, le rapport antérieur devenu insuffisant une fois détruit, il faut le remplacer par un autre, plus élevé, plus clair, plus raisonnable. Mais ce qu’il ne faut faire en aucune façon, c’est inventer une morale, dite laïque, irréligieuse, fondée sur des sophismes ou même sans fondement quelconque.

Tenter de fonder une morale à côté de la religion, c’est procéder comme les enfants : désireux de transplanter une plante qui leur plaît, ils en arrachent la racine inutile et déplaisante à leurs yeux, puis mettent la plante en terre, sans racine.

Sans base religieuse, il n’y a pas de morale véritable et sincère, absolument comme sans racine, il ne peut y avoir de vraie plante.


Je donne donc à vos deux questions les réponses suivantes :