Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/119

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

complit son long voyage. Au départ, il se traînait souvent péniblement derrière Jefim ; au retour, Dieu lui donnait une force merveilleuse. Si bien qu’il n’était plus question de fatigue.

En se jouant, il traversait les vastes espaces, agitant joyeusement son bâton de pèlerin et faisant ses soixante verstes par jour. Et enfin, tout en cheminant, il revit sa chaumière. Le grain avait déjà été rentré des champs. Les siens le reçurent avec la plus vive joie ; et ils commencèrent à l’interroger : Quoi et qu’est-ce ? Pourquoi il avait quitté son compagnon ? Pourquoi n’a-t-il pas été plus loin ! Pourquoi était-il revenu sur ses pas ?…

Élisée ne se lança pas dans des réponses trop nettes.

— Ce n’était pas absolument la volonté de Dieu ; je suis demeuré en route à cause de mon argent, et resté loin derrière mon ami. En sorte que je n’ai pu poursuivre mon voyage. Que mes péchés me soient pardonnés pour l’amour du Christ.

Et il tendit à la vieille la petite somme qui lui restait. Puis il s’informa des affaires du mé-